mardi 22 mai 2007

Still life

je suis dans ma séquence "cinéma asiatique"
en fait il n'y a à peu près rien de commun entre le film de ce soir, Still life, du chinois Jia Zhang Ke, et le Vieux jardin.
Autant celui-ci avait un parti pris esthétique fort, des dialogues recherchés, une langue chantante, autant celui-là nous plonge dans un monde cynique, apocalyptique, où les mots sont rauques et ne sortent qu'au compte goutte, où le silence est roi, la destruction la règle, l'argent la seule norme.

Ce n'est pas pour autant un mauvais film. Je n'irai pas jusqu'à dire que c'est un film génial, mais indubitablement, il dérange.

Ca se passe à Fengje, près de Chongqing, sur le Yangtze, une grande ville qui est entrain d'être engloutie par les eaux de la retenue du barrage des Trois Gorges. Les paysages sont sans doute sublimes, mais un ciel désespérément bouché pendant tout le film lui enlève toute grandeur, tout relief.
On suit en parallèle deux histoires : celle d'une pauvre homme venu retrouver sa femme - qu'il a achetée naguère, 3000 yuan - et sa fille, et celle d'une femme, venue rechercher son mari, ingénieur sur le chantier du barrage.

On découvre un monde sans foi ni loi où tout se paye, tout s'achète, même les femmes. La seule chose qui compte, c'est l'argent : les riches pour s'enrichir davacage aux dépends d'autrui avec un cynisme sidérant, les pauvres pour substister.
Un monde en déliquescence, dans cette ville en destruction.
Un monde taiseux, sans parole, sans joie, sans le moindre sourire.
Un monde sans rêve. A deux exceptions près : le décolage surréaliste d'un immeuble (ruine ou construction inachevée ?), et le funambule de la fin, marchant sur sa corde accrochée à deux immeubles en démolition. Still life : la vie encore, malgré tout, malgré la fin du monde ? Un peu de rêve est encore possible. C'est peut-être ce qu'il faut comprendre, mais cet espoir est bien maigre...

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