vendredi 31 août 2007

Chamonix - Acte 5 : Cyril arrive... le mauvais temps aussi

Lundi, c'est la plus belle journée des vacances : pas un nuage.

mais on est tellement nazes qu'on ne fait rien. De toutes façons, Cyril arrive à 16h30. J'ai appelé le refuge de l'Envers pour annuler la montée prévue le soir même : pas trop envie de se retrouver sur la Mer de Glace.

Finalement, quand Cyril arrive, on se motive pour aller se promener aux "sources de l'Arveyron" qui ne sont plus des sources, puisque le glacier est remonté bien loin dans la montagne. C'est quand même vachement beau.






Mardi, dès le matin, de gros nuages noirs s'amoncellent sur les aiguilles. Pas de regret à avoir pour l'Envers, ça le faisait pas. On passe le col des Montets : de l'autre côté il fait beau.

On remonte le magnifique val de Tré les Eaux. C'est super sauvage, au pied du Buet, avec même un glacier qui tente de survivre en face Nord. Quel dommage qu'une ligne haute tension vienne défigurer ce site magnifique.

Arrivés au petit plateau de la "Gouille du bouc", on décide de manger une tablette de chocolat (désolé pour mon infidélité passagère aux figolus) et de s'activer pour passer le col de la Terrasse avant l'orage.

Moins d'une heure plus tard, on débouche au col (belle perf...). Matt a faim et c'est tellement beau qu'on oublie les nuages et on mange un petit morceau - délicieux le reblochon...










Après manger, on croise trois bouqetins, du genre de ceux qu'on voit dans les livres de photos, avec des cornes d'un mètre. Bien placides, ils nous laissent les photographier sans stress. Vraiment de belles bêtes !









On entame la descente du col, petit couloir escarpé. On sort du couloir quand BLAM ! On se prend le gros orage avec de la grêle et des éclairs. On est contents d'être là ! En moins d'une minute, on n'a plus un poil de sec.










Fort opportunément, les chalets de Loriaz nous offrent une halte (et un café) bien agréables par ce climat extrême. A la lueur d'une accalmie, nous dégringolons dans la vallée où nous attend sagement le bolide rouge.

Mercredi : météo pourrissante, la pire du séjour. En fait, de grosses averses alternent avec des éclaircies qui permettent même de voir les sommets. On peut quand même pas faire grand chose. On va donc voir aux Houches comment est faite la salle d'escalade. Y'a du monde, surtout des anglais, mais ça grimpe. Au moins on aura mal aux bras demain.

Le soir, on se retrouve à "la Calèche" avec Carron et Julie, sa copine : on récupère en 2h tout le poids perdu pendant les vacances, mais c'est rudement bon (et même pas trop cher pour Chamonix.

Jeudi : théoriquement, amélioration. On s'imagine de beaux rayons de soleil filtrant à travers les nuées : conditions idéales pour prendre des photos fantasmagoriques des Aiguilles.

Donc on monte au Plan de l'Aiguille. On n'y voit pas plus clair que la première fois, sauf que là c'est qu'on est dans les nuages. Du coup on presse le pas : à peine 2h de montée. On pique nique sur un gros bloc dans les nuages. Belle ambiance, mais pour les photos, c'est moyen.

On travers vers le Montenvers sans voir autre chose que le pied des moraines. Et finalement on se prend la flotte. Il y a quelques touristes dont on se demande franchement ce qu'ils font là. Et des militaires - on cherche pas trop à se demander...

Descente du Montenvers. On n'y voit pas beaucoup plus que la dernière fois : on est toujours sous la flotte.

Finalement, le meilleur moment de la journée, c'est la gaufre exceptionnelle dégustée à Chamonix après cette rando très décevante. J'en rêve encore une semaine après.

Vendredi : le beau temps revient timidement. Mais c'est trop tard : les vacances à Chamonix sont finies. Ont quitte notre camp de base du Chamoniard Volant, on charge le bolide rouge et "arriverderci ! Chamonix !" On reviendra tâter le granite de l'Envers, c'est promis. Le topo est dans les bagages, je le tiens au chaud pour la oprochaine fois avec une liste de projet longue comme un livre de Dostoïevsky.

Après avoir laissé Matt chez sa mère, on fait halte chez David et Emilie - valeur sure en matière d'hostpitalité ! Puis retour dimanche à Toulouse à bord d'un bolide rouge qui, à bientôt 16 ans et après plus de 225 000 km s'enfile encore de beaux trips de plus de 1000 bornes : quel véhicule fantastique ! Il est bien juste de lui rendre hommage ici.

Aujourd'hui, reprise du boulot. Sympa, les collègues m'ont laissé un devis à monter. Le pied quoi !

dimanche 26 août 2007

Chamonix - Acte 4 : Le Moine...

Le week-end arrive, et avec lui le beau temps.
Au lieu d'aller enfin voir le granite mythique de l'Envers, nous allons à l'Aiguille du Moine. Il faut dire que nous sommes quatre pour l'occasion : Lionel et Xavier sont venus se joindre à nous. On choisit donc un objectif plus "montagne" qu'"escalade" : l'Arête Sud Intégrale du Moine. Pourquoi l'Intégrale et pas la classique ? Ben parce que ça a l'air plus classe (ça se révélera vrai). Bon, c'est beaucoup plus long et Lionel nous a montré le week-end précédent qu'il n'avait pas la caisse, mais ça passera quand même. Première erreur.

D'ailleurs, Lionel a oublié son casque et sa frontale. Pour le casque, on ne laisse pas passer, il va en louer un, mais pour la frontale... ça passera. deuxième erreur.
J'ai appelé le gardien du Couvercle : piolets / crampons inutiles pour l'Intégrale. La Mer de Glace, ça passe sans aussi : on les laisse à la voiture. Troisième erreur.

Après la foule du Montenvers, on se retrouve sur la Mer de Glace. Ça fait plaisir de refouler un "vrai" glacier, depuis le temps. Ce qui fait moins plaisir, c'est que j'ai pas du tout la forme. Je suis à la rue complet, pas de ressort. Décidément, le couvercle est maudit : quatrième fois que j'y monte et, c'est sûr, quatrième but en perspective. C'est donc passablement dépité - et même bien déprimé - que je prends pied sur la terrasse du refuge. Pas de bière pour moi - y'a vraiment rien à valider.

Ça n'empêche pas de profiter du panorama. Existe-t-il un endroit plus fabuleux que celui-ci ? La face Nord des Jorasses nous en met plein la vue : le Linceul est en conditions ! La Walker est toute enneigée. Été à l'envers... Toutes les cordées vont soit aux droites, soit aux courtes, soit à la Pointe Isabelle. Nous ne sommes que deux groupes pour le Moine qui devrait être le sommet le plus fréquenté à cette période. Le refuge est aussi bien fréquenté par les cristalliers. On les repère sans peine : ils sont crasseux, portent des vêtements des années 80 et rentrent à la nuit tombée... C'est assez intéressant de découvrir ce milieu complètement inconnu du grand public. Apparemment, il y a là aussi quelques conflits : un allemand s'est fait piller son "four" : tout son matériel et quelques beaux cristaux se sont envolés.

Dimanche matin, lever à 4h30. Comme d'habitude, c'est moi le premier levé. Petit déjeuner avalé rapidement. Bon signe : j'ai faim, malgré l'altitude. Malgré la nuit, on trouve à peu près le départ de la voie.

Je m'encorde avec Lionel. Xavier attaque par des terrasses, moi par la ligne de fissures qui mène à la brèche mentionnée par le topo. alors que celui-ci suggère une approche à pied jusqu'à la crèche, ça grimpe dans le IV sur du rocher bien licheneux. Enfin, on est au bon endroit. La traversée commence. Je double Xavier dans le premier passage dur. Lionel suit bien, nous progressons à Corde tendue sur des gendarmes qu'il faut escalader et désescalader.


On arrive à un premier rappel. On laisse notre corde pour Xavier et Matt pour accélérer les manips. L'escalade n'est jamais dure, mais c'est la super classe, sur le mythique rocher fauve de Chamonix. C'est même franchement jouissif. On grimpe en corde tendue, Lionel suit bien. On finit par laisser Matt et Xav devant après un petit épisode de noeuds entre les deux cordées. Encore un rappel, bien gazeux, dans lequel Lionel fait tomber son appareil photo... heureusement sans gravité : il atterrit dans un petit névé.

L'escalade se fait franchement plus facile. Assurage délicat, mais peu de risque de chute. Lionel suit, mais son rythme ralentit et ses chaussons neufs le font souffrir. Matt et Xavier prennent de l'avance.
On les rejoint au pied de la principale difficulté : une grande cheminée qui contourne le grand gendarme en forme de table versant Charpoua. Ils ont été ralentit par la cordée qui gravit l'Arête Sud Classique - ils ont dû débloquer la seconde de cordée dans une renfougne un peu délicate. J'en profite pour les dépasser. Le leader me demande si je peux leur monter la corde en haut du passage ! Je n'ose pas refuser, et je prends leur corde.

Je gravis une belle dülfer, puis me retrouve dans cette abominable renfougne qui doit être à peine cotée IV mais qui sera pour moi le passage le plus dur de la voie. J'arrive au relais quand Matt le quitte. Alors que j'installe le relais, Lionel tombe dans le passage clé... heureusement que je suis bien campé sur mes pieds. Il me faut ensuite assurer Lionel et la cordée qui nous suit, dont le leader me hurle de le prendre sec toutes les 10 secondes.

Lionel me rejoint. Je lui demande s'il pense que ça va aller, en tenant compte d'une descente complexe. Il me répond évasivement que ça devrait aller. A la limite, c'est peut être plus facile d'aller au sommet et de suivre la descente classique plutôt que d'improviser une descente non prévue.
Je continue : c'est facile. Dès le départ du relais, Lionel tombe dans la traversée facile ! Bon, ben va falloir faire avec. On va tirer des longueurs, bétonner l'assurage, ça le fera. Je ne vois même plus Matt et Xav... Grand moment de solitude.
Dernière difficulté : un petit mur fissuré. C'est le passage clé, 5c à équiper soi même.

Encore quelques ressauts, des fissures faciles. Toujours aussi beau, mais je n'en profite plus vraiment. J'arrive au sommet. Matt et Xav nous y attendent depuis près d'une heure ! Ils descendent aussitôt : Xav doit absolument rentrer à Zürich ce soir et aimerait bien prendre le dernier train au Montenvers. Et moi qui comptais sur eux pour aider Lionel dans la descente !

Ils sont déjà loin quand Lionel arrive, 20 minutes plus tard (nous tirons des longueurs de 25 m...). Pause bien méritée au sommet : nous n'avons quasiment rien mangé jusqu'ici. Conseil de guerre. Lionel est exténué. Il va falloir qu'il puise dans ses réserves pour se concentrer au maximum : pas question du moindre dérapage, ici c'est raide, y'a des barres partout, on est en montagne, pas sur un chemin.

Effectivement, c'est tout sauf facile, ça tient plus de la désescalade que de la marche. On est encordés à deux mètres, l'itinéraire n'est pas évident, et je dois encourager Lionel à chaque pas pour qu'il fasse bien attention.
Après trois ou quatre dérapages, je lui fais comprendre qu'au suivant j'appelle l'hélicoptère. L'argument semble porter.
La descente est interminable. On alterne désescalade, marche et petits rappels pour éviter les passages les plus difficiles. Heureusement, avant chaque passage de désescalade, on trouve un bloc ou un béquet pour assurer la cordée.
Après trois heures de descente, un dernier rappel de 50m nous dépose sur le glacier où Matt nous a attendus avec un piolet. Au pied du glacier, je m'autorise enfin à décompresser. Pendant près de 12h j'ai été complètement à fond nerveusement, concentré à chaque instant sur ma progression et sur la sécurité de la cordée. Pas un moment de répit. Pas vraiment le temps de profiter de cette course pourtant fabuleuse, sans doute l'une des plus belle que j'ai faite à ce jour.

Retour au refuge. Il est 18h30. Le temps de rentrer au Montenvers avant la nuit ? En ne traînant pas, ça devrait aller. Quatrième erreur. Lionel n'est vraiment pas en état de "ne pas traîner". On quitte le refuge à 19h, bien chargés.

Jusqu'au glacier, tout va bien. Lentement, mais bien. Matt a passé ses bâtons à Lionel, alors qu'il porte le sac le plus lourd. Une fois la moraine passée, nous prenons pied sur la glace. Et là, mauvaise surprise. Si pendant la journée, la glace fond en surface et permet de progresser aisément en chaussures, dès le soir, elle regèle et se transforme en patinoire. Pour moi, avec deux bâtons, ça va encore, mais pour Lionel et Matt, c'est plus délicat. Notre rythme, déjà bien poussif, s'en ressent. Pourtant, nous continuons, alors que se profilent devant nous les grandes crevasses qui défendent l'accès au Montenvers.

La nuit tombe. On sort les frontales. Les deux frontales, puisque Lionel a oublié la sienne. Forcément, ça ne contribue pas à aller plus vite. On arrive aux crevasses. On trouve assez facilement un passage en rive droite, là où nous étions passés à l'aller. Mais d'autres crevasses font suite. Il y a quelques passages délicats, et Lionel n'en peut vraiment plus - il glisse à chaque pas. On taille des marches - aussi grosses que possibles - avec le piolet pour franchir certains passages. On réussit à progresser vers la rive gauche. On arrive dans une zone plus facile entre deux immenses crevasses. Devant nous, une arête de glace semble livrer le passage. Il faudrait tailler beaucoup de marches. Impensable en toute sécurité vu l'état des troupes. Faut faire demi-tour. On se retrouve entre deux autres crevasses. Pas de passage. Il faudrait passer par le mur où on a taillé les marches.

On va s'arrêter là, ce n'est plus raisonnable. Il ne fait pas trop froid, en s'abritant du vent, on devrait pouvoir bivouaquer sans trop de mal. Et puis ça doit être une expérience sympa, non ? Bon, finalement, il y a une autre alternative, beaucoup moins glorieuse - encore qu'un bivouac sur la Mer de glace ne soit pas précisément glorieux : appeler le PGHM. Lionel décroche son portable. Ils nous expliquent que nous nous sommes trompés (vraiment ?), que le passage est en rive gauche. Je répond qu'on va essayer, mais que vu notre équipement -ben oui, on n'a pas l'ai cons sans crampons - et l'état de fatigue de Lionel, ça me paraît difficilement réalisable. En fait on n'essaye même pas. Un quart d'heure plus tard quand ils rappellent, ils se décident à envoyer deux secouristes.

La pleine lune s'est levée. sur l'arête de glace, deux yeux brillent : un petit renard vient nous narguer, tourne et retourne autour de nous. On finit nos provisions. Il ne fait pas trop froid, juste un vent désagréable. On tente un somme.
Et puis on voit des frontales sur le glacier : des cordées descendent. On leur fait signe - ils répondent et viennent vers nous : en fait, il y a parmi eux un gendarme du PGHM qui a contacté ses collègues et va gérer le "sauvetage". Sauvetage des plus simple : une simple paire de crampons fait l'affaire : un passage de 50 m, et c'est fini. Comme c'est rageant, comme c'est humiliant d'être dans cette situation. Les deux gendarmes venus du bas sont là. Forcément, on se prend la bonne vieille leçon de morale. Qu'y répondre, sinon, que oui, on aurait dû prendre les crampons, qu'on a eu tord, qu'on aurait dû rester au refuge surtout. Des fois il faut ravaler sa fierté. C'est d'autant plus frustrant quand on a mené une course comme celle d'aujourd'hui.

La descente s'arrête au bout de la piste des Mottets où nous attend le 4x4 du PGHM. Franchement, j'aurais préféré descendre à pieds ! Les virages en épingles sont tellement étroits qu'il doit d'y prendre à deux fois pour les prendre.
Finalement, on se fait déposer au parking à 2h30 du matin. Crevés. Surtout furieux d'être passés pour des quiches... et surtout d'avoir été des quiches.
Nuit réparatrice au Chamoniard Volant.

Petit morale de cette aventure :

1° Ne pas engager une descente foireuse alors qu'on est en sécurité au refuge, même si ça fait manquer une journée de boulot

2° Adapter la course au niveau des participants

3° Prendre des crampons sur un glacier, même s'il passe sans dans des conditions normales

4° Toujours prendre une frontale par personne

vendredi 24 août 2007

Chamonix - Acte 3 : Aiguilles Rouges

Ca y est, il fait beau. A peu près. Carron a renoncé à nous accompagner.

C'est lourdement chargés que nous prenons les remontées mécaniques qui nous déposent à l'Index : tout ce qu'il faut pour bivouaquer et pour grimper en montagne.




Vendredi, nous nous lançons dans Asia, une voie moderne à la Grande Aiguille de la Floria, portant la prestigieuse estampille "MP" (Michel Piola. Sauf que là, c'est tout équipé, mois sympa qu'en face mais quand même très joli.


L'escalade bien équipée et de difficultés modérées nous permet de grimper en réversible. Il y a quand même une longueur un peu curieuse où on passe à deux mètres d'une autre voie - l'occasion de voir grimper des Japonais.



Au sommet du contrefort, nous continuons par un ressaut facile, puis par la fin de la voie Fraise des Boâtsch qui permet, grâce à trois longueurs absolument magnifique dans un pilier, de gagner le sommet. Descente en rappel et à pied.

Le soir vient, et avec lui, la solitude : les foules sont reparties par le télésiège, ne restent que les chamois. Il faut trouver un emplacement de bivouac et les lieux sont plutôt rocailleux. C'est là que nous avons l'illumination.


A deux pas de l'arrivée du télésiège se trouve l'ancienne gare de télésiège désafectée. Théoriquement fermée, on peut y rentrer par un petit pas d'escalade. a l'intérieur, c'est la caverne d'Ali Baba : tout le matériel de balisage des pistes y est entreposé. Les matelas de protection des pylones feront d'excellents matelas pour dormir. La pelle à neige nous permet daller prélever de bonnes quantités de neige à faire fondre pour avoir de l'eau. Et surtout, nous sommes à l'abris des petites pluies de la soirée. Le vrai palace !










Vendredi soir : grosse journée avec un objectif : prendre la dernière benne à 16h30. Nous nous levons à 5h. Lever de soleil féérique sur l'Oberland.
La montée à la Glière est facilement avalée : une trace correcte livre un passage aisé dans un versant plutôt patibulaire. Nous laissons le sommet central sur notre gauche et basculons sur le vallon du Pouce pour constater que le névé du même nom n'existe quasiment plus. Nous laissons là piolets et crampons, une nouvelle fois inutiles et descendons un versant vraiment pas sympatique, très raide et rocailleux. Heureusement, ce n'est pas trop long (mais déjà plus qu'escompté, nous avons pris un quart d'heure de retard - la montre tourne, tic tac, tic tac...), et nous gagnons le pied de la face Sud de l'Aiguille du Pouce au milieu des chamois.

Nous attaquons la fameuse Voie des Dalles, par la variante des Guides.

L1 : Matt part par une petite rampe puis une jolie dalle - 4a

L2 : je continue la dalle. J'évite une coulée humide par la gauche. Un spit loin à gauche. Je n'arrive pas à l'atteindre, mais je parviens à cliper celui du dessus. Un beau pas de dalle bien corsé et bien engagé. Je clipe le spit suivant. Ca grimpe vraiment. Magnifique, mais si tous les 5b sont aussi durs, ça va être chaud ! Encore un beau passage en dalle, nouveau spit. Tiens, 10m à droite il y a un relais au dessus d'une belle fissure... J'ai dû me planter. Je suis en bout de corde. Je fais venir Matt, histoire d'avoir un petit peu de mou. Il s'arrête 25 m plus bas. Pas trop le choix, faut désescalader. Je déclipe le spit, et c'est parti. Sympa et un peu pression... Je traverse à droite à peu près au niveau du spit précédent. Je pense à Matt : ça risque d'être la terreur à traverser. Je mets un camalot n°1. Oulà, c'est vraiment psychologique. ca devrait pas tenir grand chose... Bon, comme on dit, faut pas tomber en montagne. Je continue à traverser. Bon piton : je suis dans la voie. Un peu d'escalade - ça ressemble bien à du 5b ça - et relai.
Je fais venir Matt. Il arrive au premier pas de dalle. Ca passe pas. Heureusement, il a de la ressource, on ferme les yeux et hop : il est au spit. Mais là, la traversée, ça ne l'enthousiasme pas du tout ! Heureusement, il y a un petit maillon fort opportunément placé sur le spit : va pour une petite moulinette. Il se rerouve au pied du camalot n°1. Ca passe pas. Il essaye la même méthode que pour le pas précédent... le camalot n'était vraiment que psychologique : il s'arrache ! Matt en est quite pour un petit pendule qui le ramène dans la voie ! c'était pourtant facile !
On a quand même dû passer plus d'une heure dans cette longueur. La montre tourne, tic tac, tic tac...

L3 : Je ne comprends pas bien pourquoi, mais Matt ne se sent pas de me remplacer en tête. Petite traversée cotée 5c, mais bien plus facile que la dalle précédente....

L4-5 : deux longueurs majeures : magnifique ligne de fissures rayant le bouclier de dalle avec des petits surplmobs. les relais sont composés d'un spit et parfois d'un ou deux pitons. dans les longueurs, on trouve des pitons, mais certains sont tellement branlants qu'on préfère mettre un bon coinceur à côté. Ca cote 5c/5b et c'est magnifique.

L6 : très jolie rampe en ascendance à droite puis un petit mur - 5b

L7 : traversée facile à gauche - 5a

L8 : au pif, à peu près tout droit avec un beau dièdre - 5b - relais bricolé sur friend alors qu'il y a un spit juste à côté (je l'avais pas vu)

L9 : un dièdre avec du beau rocher au dessus du relai

Et on finit par 120 m d'escalade corde tendue. au sommet, la montre rend son verdict : on est en avance surt l'horaire ! 5h30 au lieu de 6h. On a géré comme des dieux. Avec en prime un sommet magnifique, très isolé (il ne donne pas sur la vallée de Chamonix) et élevé (c'est le deuxième sommet des aiguilles rouges). Course majeure.



Mais au sommet, ce n'est pas fini : il reste à parcourir l'arête qui mène au sommet Nord de la Glière. Ce n'est pas dur - en fait il y a une bonne trace cairnée - il faut juste faire attention. On croise deux chamois, un petit et sa mère en chemin... On récupère piolets et crampons et on dévale la voie normale de la Glière : on est très larges pour avoir la dernière benne - beaucoup plus que certains grimpeurs de la Floria qui auront peut-être dû descendre à pied...

mercredi 22 août 2007

Chamonix - Acte 2 : le mauvais temps arrive - cinéma : "la fille coupée en deux"

Dommage, dimanche, nous avons laissé passer une journée de beau temps.

Lionel est rentré à Annecy, et nous nous retrouvons à deux. Nous avons dormi au gîte "le Chamoniard Volant", à la Frasse, non loin du centre ville. Il nous servira de camp de base pour la suite...

Lundi, la situation a changé. Le temps est bouché et il tombe un crachin typiquement breton. Nous renonçons à monter à la jonction pour aller nous dérouiller les jambes au chalet de Bellachat, de l'autre côté de la vallée.
Belle montée sous la pluie. On se réfugie dans le chalet, super sympa pour pique niquer. Comme nous sommes en forme, nous décidons de pousser jusqu'au Brévent, histoire de jouir du panorama mondialement connu que l'on découvre au sommet, et ce sans même prendre le téléphérique.
Après ce rare moment de contemplation, nous redescendons par le plateau de Calraveyron, endroit magnifique où nous nous payons le luxe d'une petite navigation à la boussole dans le brouillard pour retrouver le sentier de l'aiguillette des Houches.
Temps pourri, mais superbe randonnée !!!

Mardi : c'est pire. Là on se couche, on ne fait rien. Ah si, séance ciné l'après midi : "La fille coupée en deux", de Claude Chabrol.
Bon, c'est pas le film du siècle, mais ça se regarde. C'est l'histoire d'une jeune fille (Ludivine Sagnier, magnifique) qui tombe amoureuse d'un vieil écrivain connu, marié et un brin pervers, qui la laisse tomber après l'avoir séduite. De dépit, elle cède au avances d'un riche héritier névrosé qui la poursuit de ses avances et elle l'épouse.
Bon, la chute du film est assez convenue et gâche un peu les choses : le mari assassine l'écrivain, la fille témoigne pour lui, ce qui lui permet d'obtenir les circonstances atténuantes - en contrepartie, elle n'obtient strictement rien de la riche famille, si ce n'est une demande de divorce. Et tout cela se conclut par une scène que je ne peux pas raconter mais qui sent bien son pétard à 5h du mat après avoir sifflé une bouteille de whisky...
Bon bref, moi les histoires d'amour entre une jeune et un vieux, ça m'emballe pas trop, donc j'ai moyennement aimé, d'où mes commentaires probablement confus. Disons que c'est un film typiquement français comme on sait bien les faire. Des fois c'est mieux, des fois c'est pire.

Le soir, on retrouve Carron autour d'une bonne bière. Sympa de le revoir depuis le temps !

Mercredi : ça s'arrange, mais les aiguilles sont blanche depuis le Plan ! Ingrimpable, assurément. On se rabat sur une grande classique : la montée à la Jonction. Classique à juste titre : c'est magnifique. Montée par la moraine de Taconnaz où le sentier est un peu foireux, particulièrement quand il est mouillé. il y a d'ailleurs une plaque mortuaire au départ du sentier. ambiance !
La fin de la montée est vite avalée. On passe au site historique du gîte à Balmat d'où les premiers vainqueurs du Mont Blanc partirent pour la première ascension. D'ailleurs, l'ascension du Mont Blanc depuis la Jonction a l'air super sympa et déserte ! Pas craignos si on passe par l'arête Nord du Dôme du Goûter. Partout ailleurs, en revanche, ce ne sont que crevasses et séracs assez impressionnants. Avec une mention spéciale pour les monstres qui dégoulinent du col du Midi : ça fait frémir rien que de s'imaginer en dessous.













dimanche 19 août 2007

Chamonix - Acte 1 : Blaitière

Chamonix, nous voilà !!!
Motivés, regonflés à bloc - enfin, pas tant que ça en fait, la fin du premier semestre 2007 a laissé des traces dans le physique et le moral. Enfin bref, on est quand même chauds. Je récupère Matt à Genève (pas mal la navigation à vue avec les panneaux qu'on voit au dernier moment, et en évitant de prendre l'autoroute, on rejoint Lionel au Vieux Campeur à Sallanches (lieu de perdition...), et on s'enquille la montée au Plan de l'Aiguille avec de beaux menhirs (tente, piolets, crampons, matériel d'escalade en TA, etc.). A minuit, on est couchés, bien diffractés.

Samedi matin, réveil cool, de toutes façons, le pilier rouge de Blaitière est orienté Ouest. Résultat, on se fait griller la politesse par deux italiens montés par la première benne. Qu'importe, on dort au Plan ce soir, on n'est pas pressés. sauf que les nuages viennent jouer avec le pilier, ce qui fait une ambiance assez majeure (d'autant qu'on est juste à côté de la face Nord du Plan et de ses gros séracs qui dégueulent des blocs toutes les dix minutes).

La voie : Nabot Léon. C'est la plus facile du coin, mais c'est beau. Et en plus c'est un style que j'adore - que dis-je, que j'idolâtre. D'ici à ce que je voue un culte à Michel Piola, on n'en est pas loin. Enfin bref, je m'égare...

L1 : un petit bombé avec un spit, le reste en fissure à protéger soi même - grisant : 5b

L2 : la fissure au dessus du relai est magnifique, mais il y a une belle écaille qui ne demande qu'à se faire la malle. j'abandonne et suis la vraie voie, à droite, avec une fissure magnifique. MP a dû s'égarer en plaçant un spit bien inutile. Je passe en bon style avec mon camalot 0.3. 5c majeur

L3 : Ach, plantach ! J'ai raté un dièdre qui a l'air inoubliable. Du coup je bidouille une traversée, un pas de bloc, et relais. Pas un point en place, très beau.

L4 : mur spité (il faut) où il faut bien louvoyer pour passer facile (grimper avec sa tête quoi), puis dalle inclinée facile. Là je rejoins les Italiens au relais qu'ils ont fait au bord de la dalle. Ils se sont fourvoyés dans une fissure qui n'est manifestement pas la bonne, a l'air magnifique, mais aussi bien dure. But pour eux. Grosse attente pour nous. Un petit tichodrome vient égayer les lieux. Derrière, le pilier gris lance ses volées de dalle assez hallucinantes. Les séracs du Plan continuent de tomber. Classe.

L5 : THE LONGUEUR. Dièdre facile, puis renfougne, puis deux solutions : la bonne en fissure à gauche (c'est en fait la fin de la longueur précédente), et la mienne, par la fissure de droite, bien plus dure (ahhh, c'est bon du 6a en fissure en mettant ses points !!!!), puis the fissure majeure qu'on a tous plébiscitée.

L6 : en fait, là, ça merdouille. on est sur l'arête, et y'a des spits en contrebas. je les suis, les perds, en trouve un au pied d'un petit mur. J'essaye. Tiens c'est dur. Petit bidouillage de pieds - tiens, on se croirait à Altissimo, c'est beau. Où est le camalot n°0.3. Du mauvais côté, of course. Changement de main subtile, je trouve l'objet, le rentre dans la fissure (yess !!!), je débidouille les pieds, je bouge, c'est passé. Ah oui, c'est dur pour du 5a quand même. Yoyo se prend un vol en second - mon relais sur camalots tient bien.

L7 : En fait le relais était 5m au dessus de moi mais j'étais en bout de corde. On n'y voit plus rien, on est dans les nuages. On n'entend plus que les séracs du Plan tomber. Direction le bas.

5 rappels dans une ligne MAJEURE !!! Si quelqu'un est motivé, j'y retourne demain. Fissures complètement mythiques de 740m, ça doit taper dans son 6b à équiper soit même. Je sais pas le nom de la voie, ça doit être un truc comme Bobokassa ou Majorette Tatcher.

Début de la descente : y'a un tout petit passage en glace. Je mets mes gants, j'en laisse tomber un, je le rattrape. Ah non. en fait, sur le chemin, y'avait un gros rocher, genre lame de couteau. Ca fait mal. En tous cas, la plaie est bien nette, mais avec les moyens du bord, on ne peut pas faire autre chose que d'arrêter le saignement.

Retour au bivouac. Yoyo est complètement naze. je pète pas la forme, mais j'aimerais bien aller me faire recoudre mon doigt. Qu'importe, le Plan de l'Aiguille de nuit, on gère. Descente à la frontale, voiture à 23h, urgences de Sallanches à 24h : " ah, mais c'est joli, ça a déjà commencé à cicatriser, je vais pas vous recoudre, je ferais plus de mal que de bien". Merci, mais je viens de me taper 1200m de descente à l'arrache pour ça. Enfin bon, elle a l'air gentille cette interne (Carron confirmera par la suite : c'est claire, "son" interne, et elle est sympa), alors je râle pas, j'encaisse l'humiliation, et on cherche un endroit où dormir sur le coup de minuit et demi. On échoue comme des loques sur un parking de départ de rando, mais on y dort très bien !

Le lendemain, café à Chamonix. Ah oui, 2€50 l'expresso. Ben oui, on est à Chamonix. Mais comme on est un peu explosés, on en prend un deuxième.
L'après midi, petite ballade tranquille au dessus des gorges de la Diosaz pour se dérouiller les jambes. les chasseurs de Servoz ont construit une magnifique cabane. On y resterait presque pour dormir.

jeudi 16 août 2007

Vacances en famille à Cognin

Avant d'aller tâter le granite de Chamonix, j'ai passé une semaine à Cognin, dans la maison de mes grands parents qui n'étaient malheureusement pas là, Mamy ayant été hospitalisée en juin.
Du coup, nous nous retrouvons bien seuls dans la grande maison, Papa, Maman, Céline et moi. C'est un peu triste.

La météo n'a pas été fantastique, et j'en ai profité pour dormir : les dernières semaines n'ont pas été de tout repos. Nous avons tout de même fait quelques petites promenades bien sympa :



Au dessus de Cognin, dans les vergers de Saint Sulpice.







Montée au refuge des Evettes par le sentier à John avec Maman et Céline. Bonne combinaison : personne ne passe par là, donc on est tous seuls à la montée, et idem à la descente, tout le monde étant déjà descendu. Et puis le site est toujours aussi magnifique. Et les crêpes au genépi du refuge des Evettes sont très bonnes (et généreusement dosées)...










Balade à vélo jusqu'au lac du Bourget. Grosse chaleur, mais c'est bien ombragé. Bravo en tout cas d'aménager des itinéraires comme ça. a terme, il s'agit d'un projet qui relierait le Léman à la Méditerranée... Y'a encore du boulot.

Visite de Conflans. Ca faisait un bout de temps que je voulais visiter l'ancienne ville médiévale d'Albertville, avant que les habitants ne descendent dans la vallée où il y a plus de place. C'est bien joli en tous cas, bien que tout petit. Dommage que le temps n'ait pas été au diapason.