dimanche 22 juillet 2007

vélo dans les Pyrénées

pour changer de la montagne (j'ai de toutes façons pas le choix, j'ai une tendinite au coude => pas d'escalade pendant trois semaines), Cédric Bastien et moi avons décidé de nous lancer dans le vélo.
Pour commencer, on a choisi de faire une toute petite rando. faut être raisonnable, hein, j'ai jamais fait plus de 60km dans la journée, et le plus gros col que j'ai jamais fait est le Col de la Serre, en ardèche, qui doit faire 3km à tout casser.

Notre choix s'est donc porté sur le Col d'Aspin, col de 1ère catégorie et haut lieu du Tour de France, avec une boucle retour par les collines de Bigorre et quelques jolies petites vacheries : col de Palomières, aïe aïe aïe, c'est beaucoup plus raide que l'Aspin), Couret d'Asque (beaucoup plus cool, sauf pour Bastien qui a raté la route et s'est fait la montée directe au dessus d'Asque) et Col de Coupe (bien long). Tout ça pour environ 1500m de dénivelé, 83km et un peu plus de 3h passées sur le vélo. Cool quoi.

Forcément, aujourd'hui j'ai une tendinite au genou droit, j'ai mal au fesse et des coups de soleil sur les cuisses, mais c'était quand même bien chouette et surtout très joli. Et encore bravo à Bastien qui n'avait pas de petit plateau et qui allait donc beaucoup plus vite que nous dans les montées, au prix d'efforts légèrement plus intenses !!!
Le Tourmalet, ce sera pour une autre fois, quand je me serai acheté des cale pied digne de ce nom permettant de pédaler droit - mon genou appréciera certainement ce cadeau.

Conclusion : le vélo c'est vraiment un sport super bourrin. Niveau souffle, ça va, mais pour les jambes, c'est super dur.
Ah, et puis un truc bien rigolo : dans la descente de l'Aspin, on était à 60 km/h à tout casser (et à cette vitesse, ça fait bien peur...), soit à peine plus vite que la vitesse moyenne des coureurs du Tour de France en contre la montre sur du plat : ça calme, non ?

samedi 21 juillet 2007

2 days in Paris

Y'a pas grand chose au ciné en ce moment.
Sur les conseils (forcément judicieux) de Sabine, notre choix s'est porté sur 2 days in Paris, une comédie de Julie Delpy.
C'est pas un grand film génial, mais faut reconnaître qu'on s'est bien marrés tout le long.
L'histoire est un peu simplissime : un couple franco américain fait une halte à Paris chez les parents de la demoiselle (ils ne sont pas mariés). Et là forcément, tout va mal - choc des cultures entre l'Américain hypocondriaque et la Française aux moeurs légères. C'est pas forcément très subtil, mais on se marre bien, c'est l'essentiel.
A voir.

mardi 17 juillet 2007

la tournée des Bébés

J'ai profité de ma visite à Lyon pour me faire la "tournée des bébés".

Ben oui, si à Toulouse je suis presque le plus vieux et qu'en dehors d'Olivier et Marie il n'y a pas d'enfants (et pas beaucoup de filles non plus...), du côté des Lyonnais, ça se reproduit comme des lapins. Enfin j'exagère un peu.

Chez Bref, c'est Nora, la plus grande, qui a maintenant 2 ans. Et puis Lilia, la petite dernière, 3 mois à peine.
Chez david et Emilie, c'est Marc, 8 mois. Lui, j'en ai bien profité, je l'ai même gardé pendant qu'Emilie allait faire ses courses - un peu stressant quand on n'a pas l'habitude, mais en fait il est bien peinard ce petit, enfin, pour l'instant, car il va bientôt marcher...
Nico et Vera, c'est Pierre Alexandre, 8 jours et plus de cheveux que son père !
Et chez Sabine et Thibaud, j'ai raté Lou (enfin, si j'ai bien lu le sms de Sabine m'annonçant sa naissance) à 4 jours près.

Bon, ben c'est bien mignon tous ces petits, sans doute plus vu de l'extérieur si j'en juge par l'état de fatigue des deux pères que j'ai traîné en montagne le WE (j'exagère un peu). Je m'imagine pas trop dans la situation... faut dire qu'il y a une grosse marge avant que ça n'arrive.

dimanche 15 juillet 2007

Aiguille de la Vanoise

Ouf, ça fait du bien de souffler un peu. J'ai bien dû écourter mon WE pour cause de grosse réunion importante à Bordeaux, mais par la magie du TGV, je réussis quand même à arriver à Lyon, chez David, à une heure presque décente, vendredi soir.

Le lendemain matin, on passe prendre Bref à Roche, et direction Pralognan. Ca fait bizarre de se faire conduire par David ;), mais on s'y fait.
Il fait un temps de malade : pas un nuage, grand soleil, 30°C... Un peu chaud avec des sacs chargés pour le bivouac, mais on y va doucement. Pour changer des horribles pistes de ski de Pralognan, on monte par le vallon de l'Arcelin, magnifique, avecune flore assez exceptionnelle. On quitte la foule pour monter au Moriond, belle croupe herbeuse dans le prolongement de l'Aiguille de la Vanoise.
Après avoir laissé les sacs dans une petite ruine, nous partons en repérage au pied de la face Nord de ladite aiguille. Bonne idée, car vu le temps qu'on a mis pour trouver l'attaque, on économise pas mal de temps pour le lendemain.


Retour à l'épaule, repas 4 étoiles (normal avec David - bon c'est juste des pâtes bolo en fait, mais Bref n'y a pas touché, donc elles sont bien cuites) et coucher de soleil magnifique du haut du Moriond, avec un petit chamois qui gambade autour de nous. On est tous seuls (faut dire que c'est un peu interdit de bivouaquer en Vanoise), c'est un peu le paradis.
Au milieu de la nuit, le vent se lève. De 2h à 6h, il est bien difficile de trouver le sommeil et malgré la douceur des températures, le vent qui s'infiltre dans les duvets donne une désagréable sensation de froid.




Dimanche matin. Arrivés à l'attaque de la voie (qui s'appelle Missing Link), on est dégoûtés de voir que la belle trace faite la veille dans le névé d'accès a servi à une cordée qui nous devance. On attend qu'ils démarrent, puis David entame :

L1 : petit pas au départ, puis ascendance vers la droite et grosse traversée sans rien (6a).

L2 : mur raide sur écailles pourries heureusement bien protégé (6a). Je casse un pied et me retrouve pendu par un bras... ambiance ! La cordée qui nous devance s'aperçoit alors qu'ils se sont trompés de voie et redescente en rappel. Il faut dire que David leur a fait un peu peur en leur peignant un noir tableau de la voie - bien joué !

L3 : traversée ascendante vers la gauche en roche moyen (écaille colées) 5b

L4 : traversée facile sur la gauche

L5 : départ en Dülfer puis traversée bien fine à gauche (5c, rocher moyen)

L6 : le rocher devient bon : beaux murs noirs (5b)

L7 : du même tonneau en louvoyant pas mal (tirage !)

L8 : changement de leader. David me laisse le passage clé - 6b. Pas évident à lire (merci au guide qui nous a rattrappé et qui m'a soufflé le "truc"), mais finalement pas trop dur. Fin de longueur en dièdre et écailles assez tripant

L9 : magnifique longueur en cannelures - majeur ! (5c) On sort dans les dalles ommitales enfin ensoleillées et abritées du vent - on se réchauffe enfin (jusqu'ici, on a grimpé en polaire)

L10 : longueur facile

L11 : idem avec quelques petits pas plus durs (5b) en dièdre

L12 : traversée en rocher très inquiétant (5c), puis sortie en dalle







L13 : fin dans une belle dalle en bon rocher, relai sur l'arête.










Tout ça fait une bien belle voie, assez longue, mais très variable par la qualité du rocher qui varie de très bon dans L6-7-8-9 à carrément péteux dans le bas. Bravo à David qui a passé à vue tous ces passages pas forcément très agréable - Bref peut en témoigner...

Mois rigolo : comme au Vignemale, je suis pris d'affreux maux d'estomac à la descente qui se transforme vite en calvaire. Curieusement, ça cesse sitôt arrivé à la voiture. Décidément, cette descente sur Pralognan ne me porte pas chance : je l'avais déjà faite avec une terrible tendinite en descendant de la Grande Casse, et là je la fais en rampant à moitié. Je me fais vieux ou quoi ?

Bon, ce fut quand même un super bivouac, dans un coin vraiment magnifique, avec un bivouac sublime et une voie somme tute pas mal, en dépit du rocher (et de Bref qui râlait...).

samedi 7 juillet 2007

Face Nord du Vignemale

Cette fois pas de loose ! Et peut être (que dis-je peut être, sûrement !!!) la plus belle course de ma vie.

Tout n'avait pourtant pas commencé sous de meilleurs auspices. Mercredi soir, je suis bien crevé, mais je vais quand même grimper avec Cédric et Basu et ça ne manque pas : après quelques vois, une douleur bien connue derrière la cuisse (celle des crochets de talon).
Jeudi matin, ça va déjà mieux, et on se fait une petite veillée d'arme chez Romain et Claire qui nous nous fait une petite interrogation pour vérifier qu'on connaît bien le topo (en tous cas on le connaît moins bien qu'elle).

Vendredi, journée de boulot à fond, je mets la dernière virgule à mon rapport et je pars en courant à 16h30. Je passe chercher Romain, on passe un bon quart d'heure dans les embouteillages, mais finalement, ça roule bien jusqu'à Pont d'Espagne - à peine 2h30 de route. Montée au refuge des Oulettes à la fraîche, au milieu des chamois, et avec un magnifique coucher de soleil sur la face Nord qui émerge des nuages. Grandiose ! On arrive au refuge alors que les gardiens sont entrain de ranger.

Samedi, on a mis le réveil à 4h, mais à 3h45, nous sommes tous les deux réveillés, et nous nous levons. On avale sans grand appétit le plateau déjeûner, et on se met en marche sous un magnifique ciel étoilé, à la lueur de la lune. La face et là, en face de nous, révélée en ombre chinoise. L'approche est plutôt tranquille à travers le large replat qui sépare le refuge du glacier. On chausse les crampons et on s'encorde dès qu'on arrive à la neige. Celle-ci porte bien et, en louvoyant quelque peu, on passe en évitant les cailloux et les crevasses.
Nous arrivons au pied de la voie alors que le jour pointe à peine. on peut tout juste enlever les frontales. On passes quelques minutes à repérer la voie (il y a plusieurs filons d'ophite !), juste le temps d'y voir clair.

Romain attaque le premier. Première longueur magnifique en suivant le filon de rocher vert sur de bonnes prises et assurés sur de bons pitons. Même avec l'onglée, ça me semble plus facile que la cotation annoncée (5). Mes doigts se réveillent au bon moment pour attaquer la deuxième longueur, un petit dièdre qui se protège très bien, puis très facile jusqu'à une bonne terrasse.

La température est prise: on est sensés avoir fait le plus dur on n'est pas vraiment allés au bout de nous mêmes. On fait quelques anneaux de buste, et on repart, encordés à 30m. Au moment de quitter le relais, une deuxième cordée nous rejoint. Ils m'annoncent fièrement qu'ils ont pris une corde de 70m pour doubler toutes les longueurs. Nous, on part en corde tendue avec 30m de corde : on ne les reverra plus ! Ils ont dû mettre 3h de plus que nous.

Je relaie Romain après 150m d'escalade au moment de traverser vers l'arête intermédiaire. On n'ouvre même pas le topo, l'itinéraire est évident, le rocher globalement sain, voir très bon lorsqu'on grimpe sur le filon d'ophite. Je grimpe ainsi environ 150 à 200 m en évitant les ressauts les plus rébarbatifs par la gauche avec quelques jolis passages d'escalade qui doivent coter 4.
C'est là que survient la première mésaventure de la journée : alors que j'escalade le fil de l'arête, j'entends un bruit de ferraille et découvre horrifié le jeu de coinceurs, trois friends et une dégaine coincés entre mes pieds et la corde : le porte matériel de mon baudrier, bien fatigué, a choisi ce jour précis pour finir sa carrière. Je récupère le tout acrobatiquement. j'en suis quitte pour de bonnes sueurs froides. Mais environ 20m plus loin, rebelote ! Le porte matériel de derrière cède à son tour. Je parviens à sauver mon marteau et un mousqueton a vis, mais laisse échapper un autre mousqueton (le plus récent, comme il se doit). Je rapatrie tout le matériel sur les porte matériels du sac. Ouf....

Après ces frayeurs, Je relaie sur une terrasse et Romain prend la tête. Après 100 m de très belle escalade, le plus souvent sur le fil de l'arête en bon rocher, et un contournement de gendarme par la gauche, il m'attend au pied d'un gendarme à l'air rébarbatif. On repère une ligne de fissure sur la gauche (il nous semble nous rappeler que le topo dit qu'il faut contourner tous les gendarmes à gauche). Je gravis une longueur de bon 4+ sur un rocher demandant de l'attention et trouve un relais sur deux pitons sur une minuscule vire inconfortable au pied d'un surplomb. Romain me rejoint et tente de gravir le surplomb en libre, mais il n'y a rien, sauf une prise qui lui resterait certainement dans les mains s'il tirait dessus. Tant pis pour le style, on passe tous les deux en tirant sur les pitons fort opportunément laissés en place. Quand même, en libre, ça doit faire beaucoup plus que du 4+, plutôt du 6b...
En attendant, j'ai les fesses toutes mouillées. J'attribue cela au fait que je me sois assis dans la neige pour mettre mes chaussons et qu'un bloc a dû se prendre dans les sangles de mon baudrier et fond petit à petit. C'est quand même très désagréable.

On arrive à la fin de l'arête intermédiaire. Encore un joli passage en dièdre, et on entame la traversée à gauche vers la vire de schistes. C'est le seul passage de la voie qui ne se protège pas, mais c'est aussi le plus facile. Une fois sur l'arête, on peut de nouveau placer des protections.
Cette partie terminale de la voie est très surprenante : on s'attendait à trouver un rocher pourri, et en fait, c'est presque là qu'il est le meilleur. La voie est ici équipée d'un piton ou d'un spit tous les 10-15m et ça grimpe sur de belles dalles rouges. Romain me relaie pour traverser sur la droite et rejoindre l'arête de Gaube où l'escalade continue, toujours aussi belle. Dernier relais, et je force la dernière cheminée qui donne accès au sommet où nous attendent les foules espagnoles.

Voilà, c'est fait ! Cette course dont on rêvait depuis bien longtemps, on l'a super bien gérée, en ne tirant que 4 longueurs, avec 11 relais en tout et pour tout, en 6h, soit le temps indiqué par le topo. Pour 800m de paroi, c'est quand même pas mal ! Ça vaut bien une petite gorgée de génépi !

La course fut fantastique... la descente un peu moins.
Premier constat : ce qui me mouillait les fesses n'était pas un bloc de neige mais mon camelback qui se vidait progressivement dans le fond du sac. Il ne me reste donc plus d'eau, et tout ce que j'avais dans mon sac est trempé....
Deuxième constat : on ne trouve plus le camalot n°3. Je l'avais posé dans une traversée juste avant la cheminée sommitale, mais Romain ne se souvient plus de l'avoir vu. manifestement j'ai dû oublier de le mousquetonner et il doit être bien planqué au fond de sa fissure. Vu le prix de la bête, c'est assez rageant, surtout après l'avoir sauvé d'une disparition beaucoup plus tragique au milieu de la voie.
Troisième constat : j'ai mal au ventre. En général, je n'ai jamais beaucoup d'appétit en montagne, mais là c'est franchement pas la joie, entre crampes d'estomac et nausées...
Quatrième constat : Romain a aussi mal au ventre, reliquat de son virus qu'il traîne depuis deux semaines.

C'est donc dans un état un peu second qu'on entame la descente de la voie normale en essayant de ne rien faire tomber sur les espagnols qui montent au sommet sans casque et manifestement sans grande technique alpine. Ça a beau être facile, une chute ici ne serait pas sans conséquence. On a l'impression d'évoluer dans une foule d'inconscients.
Descente du glacier sans histoire, mais après il faut remonter à Bayselance, et là nos ventre nous rappellent qu'il y a quand même 100m de dénivelé qu'on parcourt péniblement. Petite pause au refuge, histoire de refaire le plein d'eau, et on finit de remonter à la Hourquette d'Ossoue où la vue sur la face nord qu'on vient de gravir est à tomber par terre. Là, ça fait vraiment haut !
Descente très pénible en se traînant jusqu'au refuge des Oulettes complètement plein et où on peine à nous servir à manger ! Une bonne bière réparatrice plus tard, et on reprend la descente beaucoup plus tranquille sur Pont d'Espagne qu'on regagne à peine 24h après l'avoir quitté, mais beaucoup moins frais !

Bref, ce fut une grande et belle journée d'alpinisme, avec une magnifique réalisation à la clé, dans un super style et on bon horaire, sur une montagne fantastique et sur la plus haute paroi des Pyrénées françaises. Un vrai rêve.