Hier, je suis allé rendre visite à la cathédrale de Strasbourg, ce chef d'oeuvre absolu de l'architecture gothique. Je ne me lasse pas d'aller contempler ces obélisques de grès rose lancées vers le ciel, ces volutes de pierre finement ciselées par d'anonymes artistes.
Et pourtant, chaque année, le sentiment, en pénétrant dans ce magnifique sanctuaire, est le même : que de bruit ! Là où devrait régner le recueillement, on est enveloppé par le brouhaha désagréable des centaines de touristes qui viennent ici comme dans un lunapark. On se fait photographier à côté du Christ aux Mont des Oliviers comme si c'était Mickey à Disneyland. On pousse des exclamations de joie dès que l'horloge astonomique sonne un coup, sans même jeter un oeil au merveilleux pilier des anges voisin, ce chef d'oeuvre asolu. On joue à cache cache dans les travées.
Et personne ne semble s'en offusquer. Alors que la veille, quand les Enfants de don Quichotte ont brièvement occupé la cathédrale pour faire entendre la voie des sans abris qui peinent à trouver des logements d'urgence en cette période de grand froid, on s'offusque d'une atteinte aux bonnes moeurs, on va jusqu'à parler d'une "prise d'otage" des bonnes gens qui viennent ici trouver... mais trouver quoi au juste ?
On s'extasie devant Notre Dame de Paris, mais quand on a devant soi de vrais pauvres qui viennent vraiment demander asile dans Notre Dame... là ça tourne au scandale. Pourtant, l'église n'est-elle pas sensée apporter secours aux plus démunis ? Au lieu de cela, elle se range du côté de cette société bien pensante qui n'a qu'une préocupation en tête : l'ordre, la sécurité, et la play station. Et surtout que personne ne vienne lui agiter sous le nez la réalité de milliers d'exclus de ce merveilleux système de la société de consommation triomphante : ça fait culpabiliser, c'est pas du tout dans l'esprit de Noël. L'esprit de Noël étant bien entendu de se ruer dans les magasins pour remplir son devoir de bon citoyen modèle : consommer.
Après, on peut épiloguer indfiniment sur les justifications de telles manifestations : les sans abris se plaignent de ne pas avoir de places dans les hébergements d'urgence, le gouvernement prétend qu'il y a assez de place. Qui croire ? J'ai pour ma part un peu de peine à comprendre quel serait l'intérêt de ces gens là à rester dehors pour le plaisir de mettre le gouvernement en difficulté - alors que je comprends très bien qu'un ministre veuille minimiser la faillite de sa politique. Bon, bien sûr, tout n'est certainement pas aussi contrasté. Je suis certain qu'il y a au ministère de très bonnes volontés. Certainement aussi du côté des sans abris une tendance à dramatiser la situation pour aviver la sympathie à leur encontre (mais peut on vraiment leur en vouloir !!!). Dans tous les cas, qu'il y ait ou non un nombre adéquat de places dans les centres d'hébergements, cela ne suffit peut être pas. Cela ne suffit pas de mettre une structure en place : encore faut-il qu'elle fonctionne !
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