dimanche 19 août 2007

Chamonix - Acte 1 : Blaitière

Chamonix, nous voilà !!!
Motivés, regonflés à bloc - enfin, pas tant que ça en fait, la fin du premier semestre 2007 a laissé des traces dans le physique et le moral. Enfin bref, on est quand même chauds. Je récupère Matt à Genève (pas mal la navigation à vue avec les panneaux qu'on voit au dernier moment, et en évitant de prendre l'autoroute, on rejoint Lionel au Vieux Campeur à Sallanches (lieu de perdition...), et on s'enquille la montée au Plan de l'Aiguille avec de beaux menhirs (tente, piolets, crampons, matériel d'escalade en TA, etc.). A minuit, on est couchés, bien diffractés.

Samedi matin, réveil cool, de toutes façons, le pilier rouge de Blaitière est orienté Ouest. Résultat, on se fait griller la politesse par deux italiens montés par la première benne. Qu'importe, on dort au Plan ce soir, on n'est pas pressés. sauf que les nuages viennent jouer avec le pilier, ce qui fait une ambiance assez majeure (d'autant qu'on est juste à côté de la face Nord du Plan et de ses gros séracs qui dégueulent des blocs toutes les dix minutes).

La voie : Nabot Léon. C'est la plus facile du coin, mais c'est beau. Et en plus c'est un style que j'adore - que dis-je, que j'idolâtre. D'ici à ce que je voue un culte à Michel Piola, on n'en est pas loin. Enfin bref, je m'égare...

L1 : un petit bombé avec un spit, le reste en fissure à protéger soi même - grisant : 5b

L2 : la fissure au dessus du relai est magnifique, mais il y a une belle écaille qui ne demande qu'à se faire la malle. j'abandonne et suis la vraie voie, à droite, avec une fissure magnifique. MP a dû s'égarer en plaçant un spit bien inutile. Je passe en bon style avec mon camalot 0.3. 5c majeur

L3 : Ach, plantach ! J'ai raté un dièdre qui a l'air inoubliable. Du coup je bidouille une traversée, un pas de bloc, et relais. Pas un point en place, très beau.

L4 : mur spité (il faut) où il faut bien louvoyer pour passer facile (grimper avec sa tête quoi), puis dalle inclinée facile. Là je rejoins les Italiens au relais qu'ils ont fait au bord de la dalle. Ils se sont fourvoyés dans une fissure qui n'est manifestement pas la bonne, a l'air magnifique, mais aussi bien dure. But pour eux. Grosse attente pour nous. Un petit tichodrome vient égayer les lieux. Derrière, le pilier gris lance ses volées de dalle assez hallucinantes. Les séracs du Plan continuent de tomber. Classe.

L5 : THE LONGUEUR. Dièdre facile, puis renfougne, puis deux solutions : la bonne en fissure à gauche (c'est en fait la fin de la longueur précédente), et la mienne, par la fissure de droite, bien plus dure (ahhh, c'est bon du 6a en fissure en mettant ses points !!!!), puis the fissure majeure qu'on a tous plébiscitée.

L6 : en fait, là, ça merdouille. on est sur l'arête, et y'a des spits en contrebas. je les suis, les perds, en trouve un au pied d'un petit mur. J'essaye. Tiens c'est dur. Petit bidouillage de pieds - tiens, on se croirait à Altissimo, c'est beau. Où est le camalot n°0.3. Du mauvais côté, of course. Changement de main subtile, je trouve l'objet, le rentre dans la fissure (yess !!!), je débidouille les pieds, je bouge, c'est passé. Ah oui, c'est dur pour du 5a quand même. Yoyo se prend un vol en second - mon relais sur camalots tient bien.

L7 : En fait le relais était 5m au dessus de moi mais j'étais en bout de corde. On n'y voit plus rien, on est dans les nuages. On n'entend plus que les séracs du Plan tomber. Direction le bas.

5 rappels dans une ligne MAJEURE !!! Si quelqu'un est motivé, j'y retourne demain. Fissures complètement mythiques de 740m, ça doit taper dans son 6b à équiper soit même. Je sais pas le nom de la voie, ça doit être un truc comme Bobokassa ou Majorette Tatcher.

Début de la descente : y'a un tout petit passage en glace. Je mets mes gants, j'en laisse tomber un, je le rattrape. Ah non. en fait, sur le chemin, y'avait un gros rocher, genre lame de couteau. Ca fait mal. En tous cas, la plaie est bien nette, mais avec les moyens du bord, on ne peut pas faire autre chose que d'arrêter le saignement.

Retour au bivouac. Yoyo est complètement naze. je pète pas la forme, mais j'aimerais bien aller me faire recoudre mon doigt. Qu'importe, le Plan de l'Aiguille de nuit, on gère. Descente à la frontale, voiture à 23h, urgences de Sallanches à 24h : " ah, mais c'est joli, ça a déjà commencé à cicatriser, je vais pas vous recoudre, je ferais plus de mal que de bien". Merci, mais je viens de me taper 1200m de descente à l'arrache pour ça. Enfin bon, elle a l'air gentille cette interne (Carron confirmera par la suite : c'est claire, "son" interne, et elle est sympa), alors je râle pas, j'encaisse l'humiliation, et on cherche un endroit où dormir sur le coup de minuit et demi. On échoue comme des loques sur un parking de départ de rando, mais on y dort très bien !

Le lendemain, café à Chamonix. Ah oui, 2€50 l'expresso. Ben oui, on est à Chamonix. Mais comme on est un peu explosés, on en prend un deuxième.
L'après midi, petite ballade tranquille au dessus des gorges de la Diosaz pour se dérouiller les jambes. les chasseurs de Servoz ont construit une magnifique cabane. On y resterait presque pour dormir.

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