Ca y est, il fait beau. A peu près. Carron a renoncé à nous accompagner.
C'est lourdement chargés que nous prenons les remontées mécaniques qui nous déposent à l'Index : tout ce qu'il faut pour bivouaquer et pour grimper en montagne.
Vendredi, nous nous lançons dans Asia, une voie moderne à la Grande Aiguille de la Floria, portant la prestigieuse estampille "MP" (Michel Piola. Sauf que là, c'est tout équipé, mois sympa qu'en face mais quand même très joli.
L'escalade bien équipée et de difficultés modérées nous permet de grimper en réversible. Il y a quand même une longueur un peu curieuse où on passe à deux mètres d'une autre voie - l'occasion de voir grimper des Japonais.
Au sommet du contrefort, nous continuons par un ressaut facile, puis par la fin de la voie Fraise des Boâtsch qui permet, grâce à trois longueurs absolument magnifique dans un pilier, de gagner le sommet. Descente en rappel et à pied.
Le soir vient, et avec lui, la solitude : les foules sont reparties par le télésiège, ne restent que les chamois. Il faut trouver un emplacement de bivouac et les lieux sont plutôt rocailleux. C'est là que nous avons l'illumination.
A deux pas de l'arrivée du télésiège se trouve l'ancienne gare de télésiège désafectée. Théoriquement fermée, on peut y rentrer par un petit pas d'escalade. a l'intérieur, c'est la caverne d'Ali Baba : tout le matériel de balisage des pistes y est entreposé. Les matelas de protection des pylones feront d'excellents matelas pour dormir. La pelle à neige nous permet daller prélever de bonnes quantités de neige à faire fondre pour avoir de l'eau. Et surtout, nous sommes à l'abris des petites pluies de la soirée. Le vrai palace !
Vendredi soir : grosse journée avec un objectif : prendre la dernière benne à 16h30. Nous nous levons à 5h. Lever de soleil féérique sur l'Oberland.
La montée à la Glière est facilement avalée : une trace correcte livre un passage aisé dans un versant plutôt patibulaire. Nous laissons le sommet central sur notre gauche et basculons sur le vallon du Pouce pour constater que le névé du même nom n'existe quasiment plus. Nous laissons là piolets et crampons, une nouvelle fois inutiles et descendons un versant vraiment pas sympatique, très raide et rocailleux. Heureusement, ce n'est pas trop long (mais déjà plus qu'escompté, nous avons pris un quart d'heure de retard - la montre tourne, tic tac, tic tac...), et nous gagnons le pied de la face Sud de l'Aiguille du Pouce au milieu des chamois.
Nous attaquons la fameuse Voie des Dalles, par la variante des Guides.
L1 : Matt part par une petite rampe puis une jolie dalle - 4a
L2 : je continue la dalle. J'évite une coulée humide par la gauche. Un spit loin à gauche. Je n'arrive pas à l'atteindre, mais je parviens à cliper celui du dessus. Un beau pas de dalle bien corsé et bien engagé. Je clipe le spit suivant. Ca grimpe vraiment. Magnifique, mais si tous les 5b sont aussi durs, ça va être chaud ! Encore un beau passage en dalle, nouveau spit. Tiens, 10m à droite il y a un relais au dessus d'une belle fissure... J'ai dû me planter. Je suis en bout de corde. Je fais venir Matt, histoire d'avoir un petit peu de mou. Il s'arrête 25 m plus bas. Pas trop le choix, faut désescalader. Je déclipe le spit, et c'est parti. Sympa et un peu pression... Je traverse à droite à peu près au niveau du spit précédent. Je pense à Matt : ça risque d'être la terreur à traverser. Je mets un camalot n°1. Oulà, c'est vraiment psychologique. ca devrait pas tenir grand chose... Bon, comme on dit, faut pas tomber en montagne. Je continue à traverser. Bon piton : je suis dans la voie. Un peu d'escalade - ça ressemble bien à du 5b ça - et relai.
Je fais venir Matt. Il arrive au premier pas de dalle. Ca passe pas. Heureusement, il a de la ressource, on ferme les yeux et hop : il est au spit. Mais là, la traversée, ça ne l'enthousiasme pas du tout ! Heureusement, il y a un petit maillon fort opportunément placé sur le spit : va pour une petite moulinette. Il se rerouve au pied du camalot n°1. Ca passe pas. Il essaye la même méthode que pour le pas précédent... le camalot n'était vraiment que psychologique : il s'arrache ! Matt en est quite pour un petit pendule qui le ramène dans la voie ! c'était pourtant facile !
On a quand même dû passer plus d'une heure dans cette longueur. La montre tourne, tic tac, tic tac...
L3 : Je ne comprends pas bien pourquoi, mais Matt ne se sent pas de me remplacer en tête. Petite traversée cotée 5c, mais bien plus facile que la dalle précédente....
L4-5 : deux longueurs majeures : magnifique ligne de fissures rayant le bouclier de dalle avec des petits surplmobs. les relais sont composés d'un spit et parfois d'un ou deux pitons. dans les longueurs, on trouve des pitons, mais certains sont tellement branlants qu'on préfère mettre un bon coinceur à côté. Ca cote 5c/5b et c'est magnifique.
L6 : très jolie rampe en ascendance à droite puis un petit mur - 5b
L7 : traversée facile à gauche - 5a
L8 : au pif, à peu près tout droit avec un beau dièdre - 5b - relais bricolé sur friend alors qu'il y a un spit juste à côté (je l'avais pas vu)
L9 : un dièdre avec du beau rocher au dessus du relai
Et on finit par 120 m d'escalade corde tendue. au sommet, la montre rend son verdict : on est en avance surt l'horaire ! 5h30 au lieu de 6h. On a géré comme des dieux. Avec en prime un sommet magnifique, très isolé (il ne donne pas sur la vallée de Chamonix) et élevé (c'est le deuxième sommet des aiguilles rouges). Course majeure.
Mais au sommet, ce n'est pas fini : il reste à parcourir l'arête qui mène au sommet Nord de la Glière. Ce n'est pas dur - en fait il y a une bonne trace cairnée - il faut juste faire attention. On croise deux chamois, un petit et sa mère en chemin... On récupère piolets et crampons et on dévale la voie normale de la Glière : on est très larges pour avoir la dernière benne - beaucoup plus que certains grimpeurs de la Floria qui auront peut-être dû descendre à pied...
vendredi 24 août 2007
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