mardi 10 avril 2007

WE de Pâques au Caroux

Le Caroux, c'est mythique !

Super week-end au Caroux avec Matt, descendu de Bristol, et Cyril, monté de Pau.

Le choix de la destination n'a pas été évident : après les grosses chutes de neige des dernières semaines, les Pyrénées sont redevenues la cible des skieurs ; ça le fait moins pour les grimpeurs et alpinistes. J'avais bien envie d'aller voir à quoi ressemblent les falaises espagnoles (depuis un an et demi que je suis à Toulouse, il serait temps !), mais pour une fois, il semble faire moins beau en Espagne qu'en France.

Va donc pour le Caroux. J'ai découvert le coin il y a un mois avec Jo, Clément et Sylvain. Nous avions fait le Pilier Sud Ouest de l'Epaule du Rieutors et le Sabot Desmaison au Minaret, dans les Gorges d'Héric, et j'avais vraiment adoré.

Tout d'abord, une précision : le Caroux, ce n'est pas une falaise-école toute spitée. Il s'agit d'un petit massif de vieux granite primaire métamorphisé en ortho-gneiss (je l'ai placé celui-là, Matt et Cyril comprendront) plein de fissures idéales pour la pose des coinceurs et des friends. Cela dit, dans les itinéraires classiques, on trouve généralement un bon nombre de pitons et même assez souvent des spits genre spits de 8 rouillés à côté desquels on préfère poser un bon coinceur...

Bref, samedi, départ pas trop matinal : après un apéro chez Ben, Sarah et leur petite Manon (2 mois), on a dû manger et faire les sacs jusque vers une heure du mat. Heureusement qu'on a trouvé la super excuse pour partir un peu plus tard : on n'a plus de gaz et il ne faut pas passer à Mazamet avant l'ouverture des magasins. Résultat, on s'y trouve vers 11h, après un petit tour fortuit par Revel...


Ca commence bien...


Premier acte : la Directe Blanc au Pilier du Bosc, dans les Gorges de Madale.
Romain ne cesse de me répéter que c'est mythique, alors on va aller vérifier. Au premier abord, ça a bien l'air mythique : petite vallon encaissé où coule un torrent aux eaux limpides, petit sentier taillé dans d'anciennes terrasses agricoles délaissées, puis le pilier apparaît, jaillissant d'un coup du fond de la vallée.


au pied du pilier du Bosc


On traverse le torrent et on est au pied de la voie, dans un endroit idylique, digne d'un conte de fée. On grimpouille en baskets sur des vires qui permettent de gagner une petite terrasse abritée par un chêne vert ; un petit triangle orange indique le départ.
L1 : d'abord un petit dièdre renfougneux pas si trivial (mais protégé par un piton), puis facile jusqu'à un bon relais sur une terrasse.


Cyril à la sortie de L2


L2 : mythique ! Ca part à droite, passage d'un petit surplomb, puis fin dans un dièdre majeur - du bon 5+ qui se protège sur coinceurs en sautant les pitons !
L3 : belle fissure en oblique, puis on se dirige au juger vers l'énormissime toit qui barre le haut du pilier. Et là je merdouille. Au lieu de prendre la ligne de pitons sur ma droite, je taille tout droit dans un dièdre, quelques mouvements pour passer une arête puis un surplomb, et c'est fini, à peine IV+. J'ai raté le clou de la voie. Je suis vert. Mais bon, on va pas en faire un fromage, c'était bien beau quand même.
L4 : petit ressaut très mignon pour finir.


Le champignon nucléaire


Pour descendre, il suffit de viser le gros rocher en forme de champignon nucléaire sur lequel Matt nous a fait une belle pose; le chemin passe dans le couloir juste après. Bien cairné, un peu de desescalade, il ramène à l'endroit idylique de conte de fée.
Retour parking à peine entamés, but pour trouver le camping municipal de Colombières qui a dû disparaître depuis l'édition du topo, et on échoue finalement à celui de Tarrassac qui vient de subir une invasion massive de Hollandais. On doit être les seuls francophones en ces lieux, ou presque. Du coup, on s'en va valider notre première ascension du WE au bar de mons la Trivalle. Bilan : la Delirium Tremens, c'est vraiment bon, mais il y a beaucoup d'alcool dedans...


depuis le camping, vue vers les aiguilles du Rieutord


Second Acte : la Godefroy aux Gorges d'Héric, en commençant par l'arête des Charbonniers.
On part tôt pour être les premiers. Enfin pas trop tôt quand même car il faut que la boulangerie de Mons la Trivalle soit ouverte (on a heureusement oublié de demander à quelle heure elle ouvrait - si on nous avait dit 5h, on était mal...). On arrive en même temps qu'une troupe de tarnais qui heureusement ne va pas dans les aiguilles.
Approche pépère sur la route des gorges, vraiment sublime, jusqu'au troisième pont avant lequel il faut repérer le caïrn caché de la Piste des Charbonniers. Après une petite grimpette d'un quart d'heure, au moment de basculer dans le ravin, on passe au pied de l'arête du même nom où on distingue le dièdre couché décrit dans le topo. Ce matin, c'est Cyril aux manettes.
On va pas décrire la voie, on a tout fait à corde tendue. Ca ne dépasse jamais le IV, mais franchement, c'est absolument magnifique avec quelques passages qui touchent au sublime, et même pas mal de gaz au dessus de la gorge. Quant à la vue sur les Aiguilles du Rieutord, s'il y avait de la neige, on se croirait à Chamonix : ça calme. en 1h30, c'est avalé, on s'est bien gavés.


L'Arête des Charbonniers



Matt prend les commandes. Je sais pas pourquoi on s'est mis en tête d'aller à la Godefroy où s'entassent au moins 4 cordées alors que toutes les aiguilles sont libres, mais c'est pourtant ce qu'on fait. Au passage, je repère la directe de la face Sud, à droite, TD+ qui a l'air majeur. Je vais en toucher 2 mots à Romain...
En attendant que le départ de la voie se libère, Matt décide d'ouvrir sa voie dans le soubassement de l'aiguille.

Départ de la Godefroy : c'est par où ?

Et dans l'enthousiasme, il dépasse la vire d'attaque et se lance dans la face Sud. Trois longueurs assez édifiantes pour comprendre ce que doit être l'ouverture au Caroux : une mer de lichen qui gâche considérablement l'escalade. assurage naturel intégral (c'est ça l'éthique anglaise...). On baptise cette voie Porto-Guiness... Sinon on va bien.


Ca y est, on a retrouvé la voie


On finit par rejoindre la vraie voie au milieu de sa deuxième longueur, juste au moment où il faut pour gravir un ressaut assez somptueux, bien vertical sur gros bacs, pas plus de IV, bien protégeable naturellement.


Passage clé de l'arête Sud de la Godefroy


On alterne ensuite longueurs et passage en corde tendue, toujours bien sympa sur un caillou génial, jusqu'à rattraper les cordées de devant qu'on évite soigneusement en suivant la vraie voie dans un superbe mur à gauche.


Matt à la sortie du second ressaut


On se croit arrivés. Que nenni ! Il reste encore un super ressaut au dessus. Légèrement embouteillé. Je serais bien tenté de doubler tout ce beau monde par la belle fissure qui raye la face au dessus denous, mais Matt in command ne la sent pas. Tant pis, on va se baffrer tout notre casse croûte sous les yeux affamés des autres cordées qui n'ont rien prévu...
Deux longueurs faciles pour finir au sommet de la plus haute des aiguilles du Rieutord. La super classe ! Il y a un mois, j'étais juste sur le sommet d'en face, et Clément et sylvain sortaient la Godefroy au soleil couchant : c'était aussi beau.
Cette fois, comme il n'y a pas de vent, on s'en va faire un tour au sommet du Roc de Caroux en suivant l'arête au plus près.


Le torrent du Rieutord... féérique

La descente est tout aussi mythique : on tire à vue dans le vallon du Rieutord, qui part vers le Sud, on le traverse, et on cherche en vain la soi-disant piste de la Maurelle. Heureusement, les forêts du Caroux sont accueillantes et laissent apsser sans peine les grimpeurs perdus - enfin pas tant que ça, c'est surtout le chemin qui n'existe pas.

L'Aiguille Viallat

Au passage, on passe sous la face Sud de la Maurelle, rayée par une fissure du feu de dieu. Pour la prochaine fois !!! On finit par récupérer la piste des Aiguilles (balisage rouge) qu'on suit à gauche. Sentier absolument fantastique. C'est vraiment un but de randonnée à lui tout seul. Le sous bois est enchanteur. On passe un premier Col, pour franchir l'arête des Triangles, puis, au Col de Bartouyre, on trouve le sentier des Gardes, véritable autoroute qui ramène au parking des Gorges. Belle bambée avec pas loin de 600m d'escalade, certes pas dure, mais 600m tout de même. Bière (sérieux, ici dénommé formidable) au bar de Mons la Trivalle et bonne douche chaude au camping.


Le bonhomme Nestlé, rendu à la liberté...


Troisième acte : la Grande Paroi d'Arles.
Nom mythique - paroi vraiment mythique. Déjà, on y accède par le haut du plateau. Il faut donc rouler un peu - pas bon pour l'empreinte écologique - jusqu'au hameau de Madale, au sommet des gorges du même nom où se trouve le Pilier du Bosc. De là, un sympathique sentier (en fait une route au début) mène au plateau de la Cabrière par les rebords des Gorges de Madale. On a croisé trois moufflons dont un mâle qui avait des cornes superbes.

Lever de soleil sur le plateau de la Cabrière

Une fois sur le palteau, on aperçoit la crête d'Arles qu'un sentier permet de gagner. Après si on n'est pas nuls, on lit le topo et on voit qu'il faut contourner la crête au sud et pas au Nord. Bref, quelques minutes de perdues. On finit par retrouver les caïrns qui mènent à un petit col d'où on redescend en versant Ouest où il fait beaucoup plus frais.

Le pilier de la Grande Paroi d'Arles

Là, on se prend la tête en pleine face, ou le contraire, on sait plus, et en particulier le magnifique pilier qu'on va gravir quelques minutes plus tard.
Voie Amédée Mazas, ou arête Sud du Pilier.


L1 : la classe !


L1 : on part sur le fil du pilier, on louvoie à gauche dans une dalle, puis on sort sur le fil, très aérien. Majeur, pas plus de IV+, assez équipé.
L2 : premier dièdre avec un pas retors à la fin (j'avoue, j'ai bien bourriné), on va dire 6a, comme dans le topo, puis second dièdre bien prisu vraiment magnifique. Relais bivouacable sous le toit
L3 : le toit. Gros pas de bloc assez sordide avec un vieux piton rouillé pour protéger, un bon coinceur pour le seconder, un verrou de main gauche pour clipper un spit de 8 en croisant, quelques acrobatie, et ça passe. Un bon 6a bloc quand même.

Cyril à R4

L4-L5 : MAJEURES !!!!!! Deux longueurs d'anthologie sur le fil du pilier, tout sur grattons et réglettes, tout équipé, mais presque intégralement protégeable sur coinceurs et friends. Et en plus ça ne dépasse pas le 5. Vraiment fantastique.

Arrivée au sommet du pilier


Finalement, le bilan de cette voie, c'est que les trois plus belles longueurs sont les plus faciles...





voila, ben c'est fini. On s'est bien amusés, on a pris le soleil, on a fait 4 superbes voies, et donc on reviendra. Le WE s'achève comme il avait commencé : apéro chez Ben et Sarah.

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