dimanche 11 novembre 2007

le Hoggar -5- l'Adaouda et le retour

Et nous redescendons. Il reste encore deux jours, mais cette fois, c'est bien le chemin du retour que nous suivons. Nous re-traversons les plateaux désolés sous une lumière féérique - un orage se préparerait-il sur les sommets ?

Après deux heures et demi de piste, bercés par la musique africaine qu'apprécie tant Mohammed, nous arrivons au pied de l'Adaouda où nous attendons Boubakar et Slimane, deux anciens guides de l'agence qui nous ont apporté des grillades.

Nous posons le camp dans l'oued au pied de la montagne. Rituel bien rodé : ratissage pou se faire un matelas bien confortable, coucher de soleil féérique, puis repas à la belle étoile, et le thé qui délie les langues. On sort le jeu de dominos. Et c'est là qu'on découvre que ce jeu en apparence assez primitif est en fait très tactique. Ca donne envie de se perfectionner.










Après cette soirée très sympa, nous retournons à notre caillou. Romain et Claire vont en faire le tour, Cédric - qui est complètement guéri - et moi allons en tenter l'ascension par la voie Cauderlier-Vidal-Prangé. On a déjà fait plus sexy comme nom...









L'approche de cette belle aiguille basaltique est minimaliste : on voit très bien le camp depuis la voie. Par contre, on voit aussi très bien la piste de l'Assekrem où il y a beaucoup de trafic - du coup, le coin est assez bruyant. un comble pour une voie dans le désert !

<=L1: quelques dalles, puis des gradins avec des fissures. relai sur une terrasse - 4
L2: une belle fissure avec un surplomb au milieu. il y a bien un spit, mais il est complètement inutile. Un bon friend, une entorse à l'éthique (6a???)et c'est passé. Derrière, Cédric galère pendant un bon quart d'heure pour tenter de sauver un coinceur qui fait désormais partie de l'équipement à demeure de la voie...
L3=>: une fissure d'anthologie, géniale à protéhger, très raide et pourtant bien facile (5b) : du bonheur à l'état pur !
L4: le rocher se gâte un peu. On remonte une rampe et contourne un bloc coincé (5).
L4: une courte dalle, une rampe facile, et c'est déjà le sommet - et surtout le soleil ! La voie est en effet orientée Nord, et on a eu bien froid !
De là haut, la vue est absolument magnifique.









On se lance dans les rappels. Ils sont certes équipés, mais les cordelette souffrent terriblement des conditions très sèches du désert. Encore ici ne sont-elles pas trop exposées au soleil. Nous passons dont 1h30 à découper consciencieusement toutes les cordelettes existantes et à les remplacer par des neuves. Sur 5 rappels, ça fait un bon paquet à redescendre !


Cette petite escapade, menée sur un train de sénateurs, nous amène à près de 14h quand nous regagnons le camp. Le temps d'engoufrer le traditionnel et gargantuesque plateau de crudités, de jouer la n-ième (n étant assez grand) partie de trouduc, de bâtir quelques cairns, de boire quelques thés, de lire quelques chapitres, et de refaire trois fois le monde avec Mohammed, il fait déjà nuit, et c'est l'heure de l'apéro - vache qui rit, cacahuète, raisins secs, pistaches et lipton yellow ! La vie de base dans le désert. On est bien loin de l'agitation de chez nous. Pas trop envie de se dire que demain il va falloir rentrer.

Dernière nuit sur le sable. On dort comme des rois sous les étoiles. Lever du jour vers 6h. Petit déjeûner aux premiers rayons du soleil. Pour prolonger encore ces derniers instants dans le désert, je vais faire le tour de l'Adaouda, profitant de cette merveilleuse solitude qu'offrent ces lieux paisibles. Au détour d'un oued, je croise un chameau très zen.

On charge une dernière fois ce bon vieux 4x4 Land Cruiser qui accuse ses 400 000 kilomètres. On se serre en épis apour tenir à 4 à l'arrière, et c'est le retour à Tam. La douche, puis un petit tour en ville. Pas grand chose à voir : c'est une ville champignon qui pousse à toute allure autour d'un petit centre ville de maisons en terre qui ne fait pas plus d'une rue.

Nous rentrons chez Mohammed. Pour cette dernière soirée, tous ceux que nous avons croisés sont là : Mohammed, Larsen, Amoud, Boubakar et Slimane. On déguste le meilleur couscous que j'ai jamais mangé. Un dernier thé. On reste seuls avec Mohammed qui parle jusqu'au bout de la nuit. Il nous fait la démonstration qu'on peut faire bouillir de l'eau dans une bouteille en plastique en la posant sur la braise. Quelques instants de profonde réflexion scientifique pour comprendre le phénomène.

Il est près de 23h. On entame un petit somme en attendant le coup de fil de l'aéroport signalant que l'avion a atterri à Janet, l'étape avant Tamanrasset. Vers 23h30, on se met en route. On retrouve la foule des occidentaux bronzés qui parlent fort de leurs vacances. Contrôles de sécurité en veux tu en voila, belle débauche de détecteurs en tous genre. On embarque dans l'avion et dans un coma de 2h environ. le temps d'atterrir à Alger au lever du soleil. 8h d'attente au café en lisant le Monde, premier contact avec la France depuis deux semaines, et en jouant notre ultime partie de trouduc.
Alger-Marseille : à peine une heure. Vues magnifiques sur les deux villes depuis l'avion. Les hôtesses tiennent absolument à nous réveiller pendant ces trop courts instants où l'on pourrait dormir. on débarque à Marignane. Encore 5h d'attente. On se pose au café. On sirote notre première bière, validation bien méritée !



on est tous cadavrés






On se pointe à l'enregistrement, et là, c'est le réveil ! Notre avion est en panne. On commence par nous faire peur en nous disant que le vol va peut être être annulé. Puis on nous trouve un avion de rechange, mais celui-ci est deux fois plus petit. Heureusement, comme nous sommes en correspondance, nous sommes prioritaires ! Décidément, il y avait un l'ange gardien des avions avec nous pour ce voyage !
Nous arrivons à Toulouse avec une petite heure de retard. On retrouve la navette, le métro, le bus. Porter son sac dans la rue - il fait frais, comme au pied de la Sawînan. Et s'écrouler sur son lit complètement cadavré.



Epilogue
Au milieu de la nuit, je me réveille en panique : il y a un trou dans le sable sous mon matelas, avec des morceaux de bois. Ah oui, c'est mon lit. Je me rendors. Dur le retour en France.

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